mercredi 4 juin 2014

Le Pérou, une des places fortes du grafffiti sud-américain

Le graffeur français Lazoo est venu en “tournée” au Pérou, invité par l’Alliance Française et une université d’ingénieurs (UTEC)


Quel regard portez-vous sur les graffeurs péruviens et sud-américains en général ?
Il y a de très bons graffeurs ici. Comme partout, la question est de savoir s’adapter à son environnement. Ils n’ont pas du tout les mêmes techniques de travail, la couleur des bombes de peintures est moins intense ici par exemple. Le Pérou fait partie des trois places fortes sud-américaines du graffiti avec le Brésil et le Chili mais il a encore mauvaise réputation ici. Heureusement c’est en train de changer.

Pour preuve, votre intervention se déroule au Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lima...
Les responsables ici se rendent compte que le street art et le graffiti sont en train de prendre une véritable place dans le monde de l’art. J’ai aussi pu initier des étudiants des Beaux-Arts aux graffiti il y a quelques jours.Ils savent dessiner mais peindre avec une bombe de peinture était une expérience inédite pour eux.
Le choix fait ici de nous faire graffer sur un mur extérieur du MAC permet en plus aux passants de s’approcher, d’observer et de poser des questions. Et même aux policiers de venir vérifier que l’on est bien en règle !

Votre démarche ici vise a promouvoir l’art comme moteur de la créativité pour les ingénieurs. Comment faites-vous ce lien ?
Je suis ingénieur de formation, j’arrive donc à faire des analogies entre les deux. Dans les deux cas on doit souvent bricoler s’adapter par exemple. Plus important encore, la nécessité de s’intégrer dans son environnement. Chaque ville est différente en terme de législation, d’urbanisme, d’architecture… Intégrer un graffiti dans une ville c’est un peu comme construire un pont pour un ingénieur. Il faut avoir une vision d’ensemble.

Que pensez-vous de la situation du graffiti en France ?
L’évolution en moins de 15 ans est totalement folle. En 2002, en pleine folie sécuritaire, une cinquantaine de graffeurs ont été jugés à Versailles pour ce qui était alors considéré comme des “dégradations”. Collectivement on a alors pris en main la communication, lancé un festival… pour essayer de changer le regard des gens sur notre art. Aujourd’hui j’ai une de mes toiles accrochée à Matignon.


 
Lazoo présentera une exposition intitulée “Art Capitale” à la mairie du 1er arrondissement de Paris du 16 au 30 juin 2014.


Propos recueillis par Jérémy Joly
Photos : Audrey Cordova