Tworode, Creez, Ikano, Averi … Des
modèles de voitures ? Non. Des noms d’artistes de rue. Des graffeurs et
des taggeurs d’hier et d’aujourd’hui que le magazine Paris Tonkar
souhaite faire connaître. Son fondateur, Tarek Ben Yakhlef, veut «
donner la parole à des artistes qui n’ont jamais pu s’exprimer ».
Paris Tonkar, c’est avant tout l’histoire de Tarek Ben Yakhlef. Le nom du magazine vient de son premier ouvrage sur le graffiti (Paris Tonkar,
éd. Florent Massot) qu’il publie en 1991. Il est alors étudiant en
histoire de l’art à la Sorbonne (Paris I). Aujourd’hui, l’homme touche à
tout. Scénariste reconnu de bandes dessinées, photographe et peintre.
Il lui arrive même de donner des conférences.
En janvier 2011, il lance, en collaboration avec le rédacteur en chef d’International Hip-Hop,
Yann Cherruault, le premier numéro du magazine. Un trimestriel. Avec
son argent et celui de quelques amis qu’on retrouve dans le magazine :
photographe, rédacteur, maquettiste, etc. Il n’y pas, à proprement
parler, de journalistes professionnels. Tout cela, ils le font
bénévolement. Lui-même ne vit pas grâce au magazine.
L’objectif ? « Montrer l'évolution des arts de la rue depuis le début
des années 80 tout comme son actualité dans notre société », explique
l’homme à tout faire. Tout y passe : graffitis, tags, pochoirs,
collages, etc. Mais l’exercice n’est pas facile. La commission paritaire
des publications et agence de presse (CPPAP) refuse de considérer Paris Tonkar
comme une entreprise de presse. Il ne peut pas bénéficier du régime
économique spécifique (et avantageux) à la presse. Motif ? « Ils m’ont
dit que mon magazine pousse les lecteurs à dégrader des biens publics»,
s’indigne Tarek Ben Yakhlef. « On ne fait pas l’apologie de délinquants.
La plupart d’entre eux sont exposés en galerie. » Il s’insurge contre
le procès fait aux graffeurs : « Aujourd’hui, on est plus tolérant
envers les crottes de chiens. Jamais une vieille dame s’est tordue la
cheville parce qu’elle avait vu un graffiti... »