A l'occasion de la sortie du 8e numéro de notre magazine, nous sommes heureux de vous présenter le crew TWE composé de plusieurs talentueux graffeurs. Arone a répondu à nos questions...
Il y aura également des focus sur chaque membre du groupe sur notre blog : ici.
Des graffs, des tags, des persos, des blocks… Que du bon graffiti signé
TWE, un crew avec des writers de qualité qu’il faut absolument connaitre !
Quand est-ce que le crew TWE est né ?
Arone : Le crew est né sur les bancs de l'école lorsque
j'avais treize ans. J'ai fondé le TWE en 1998 à Paris avec mon ami SemG que je
considère comme un frère. D'ailleurs le film qui est sorti sur le crew lui est
dédié. TWE voulait dire : Tagueurs des Wagons Est... peut-être parce qu'on
croyait que le roulant était l'essence du graff. C'est devenu plus tard : The
Worst Ennemies. Une manière de dire qu'on est seul contre tous. D'abord parce
qu'on a qu'un seul crew. C'est même tatoué sur le corps de plusieurs d'entre
nous. Ensuite parce qu'on ne joue pas dans les règles du graffiti : on
joue nos propres règles. Même si au niveau graphique nous suivons toujours
certains codes de la old school. J'ai toujours vécu le graff comme un espace de
liberté et je pense que c'est pareil pour les autres membres de mon crew. Et la
old school dont tu fais partie et dont ParisTonkar
est devenu le porte-parole avec cette démarche de mémoire méthodique,
presque historique. Cette old school, je l'ai toujours vécu comme étant celle
de conservateurs qui essaient d'étouffer tout ce qui pourrait venir après eux. Il
y'a une poignée de graffeurs de cette époque qui ont apporté beaucoup au
mouvement, mais la majorité l’a plutôt bridée et beaucoup qui aujourd'hui
revendiquent leur ancienneté ont été quasi insignifiants dans l'évolution réel
du mouvement.
Quels sont les endroits où vous avez le plus souvent peint ?
A. : Le 93; Pantin; Bondy, Sevran, Bobigny... Le 93
c'est un peu notre bastion aujourd'hui. Plusieurs des membres du crew y habitent.
A. : C'est d'être éclectique, je crois : terrain, vandale,
body paint, toile, sport, musique, cinéma et textile. Et c'est aussi la
quantité parce qu'on on peint tous les jours. Sur le plan purement graffiti, on
essaie de traverser tous les styles. Lask et Skuz sont allés vers un style
plutôt West Coast et Chicanos. Veans vers un style plutôt vectorisé en aplat,
sans dégradé. Kraco est allé vers un style complètement hybride presque
chimique avec des couleurs dissonantes et beaucoup d'effets. Skeda a travaillé les
lettres simples et efficaces dans le style parisien. Sem.g était plus dans le
wild à la Espion. Je suis dans la continuité du style new-yorkais; des lettres solides
et lisibles avec du travail dans le remplissage. Chacun d'entre nous fait des
persos et des B.Boys, Kwim et Flow plus particulièrement. Avec près de 1000
productions, je crois que Flow a abordé tous les styles.
Quels sont vos plus grands moments ?
A. : On a quelque bons moments comme le Bobigny Block
Party qu'on avait fait en 2011. Et le tournage du film TWE avec Clair Maton la
chef opérateur de "Police". On a aussi un terrain dans les montagnes
de Nice, une voie d'écoulement des eaux qui fait cinq kilomètres de long et
qu'on appelle le dojo. On arrive quasiment à la fin avec cinq kilomètres de fresques
100% TWE et ça sera peut-être notre plus grande réalisation.
Y a-t-il plusieurs disciplines du Hip Hop représentées dans votre
crew ?
A. : Au début, on était un crew qui faisait du rap, du
break et du graff, mais avec le temps on a plus développé le graff.
Quelle est votre marque de fabrique depuis le début ?
A. : Je ne pense pas que nous ayons une marque de
fabrique .On essaie de changer régulièrement .Mais puisque tu le demandes, je
dirais que c'est les frises géantes avec plein de personnages et de gros
lettrages.
Votre meilleur souvenir collectif ?
A. : Les Summers Tour : tous les étés, on part avec tout
le crew pour traverser la France ensemble. Le crew qui part en voiture à
l'autre bout de la France avec des battes pour aider un frère…
Le moins bon ?
A. : ça ne se raconte pas, mais il y en a. Les moins bons souvenirs viennent
souvent avec les balances.
Ce groupe existe-t-il toujours ?
A. : Oui, ce n'est que le début… Dans notre crew, il y a
sept enfants qui sont nés ces trois dernières années, non pas pour dire que ce sera
la relève mais vu que ça ne nous a pas freinés, je pense qu'on est encore là
pour longtemps. La plupart de nos styles ne sont pas encore mûrs mais on bosse.
Pour l'instant, on sème et plus tard on pensera à récolter.
Est-ce que certains membres vivent du graffiti art ?
A. : On gagne de l'argent avec, mais on dépense trop
pour pouvoir vivre que de ça. On gagne de l'argent ailleurs surtout.
Avez-vous une actualité dans les prochains mois ?
A. : Courant octobre, il y aura l'expo collective TWE
pour les 15 ans du crew.
Un site ?
www.blindkings.com pour la marque de vêtements que
j'ai lancé avec deux associés.
Interview : Tarek