Pouvez-vous présenter cette nouvelle édition du festival de Belleville ?
Marin Schaffner : IRRUEPTION, c'est le festival des jeunes du parc de Belleville. C'est un moment festif d'expression citoyenne qui se tiendra pour la 3e fois le 15 juin prochain. De midi à minuit et sans interruption, nous proposons des activités à la fois sociales et culturelles : théâtre, rap, danse, fanfare, et ateliers participatifs animés par les associations du quartier.
Le plus important pour nous peut-être, c'est que ce soit gratuit, dans l'espace public, et ouvert à tous. Artistes amateurs, artistes professionnels et citoyens se retrouvent le temps d'une journée pour prendre d'assaut la rue.
Nous avons eu 1500 spectateurs et participants l'an dernier et nous en attendons plus encore pour l'édition 2013.
Cette action citoyenne a-t-elle des retombées positives pour les habitants du quartier dans le domaine de la culture ?
M.S. : Oui, évidemment, elle en a. Sinon, on aurait changé de formule depuis longtemps. Il faut savoir que notre volonté principale c’est d’être des vecteurs de paroles, de porter la voix des « Sans voix », pour reprendre l’expression de l’association Canal Marches qui sera présente avec sa cabine d’expression vidéo le 15 juin. D’ailleurs, au sein de cette cabine, les gens le disent que cette journée leur fait découvrir de nouvelles formes d’expression, que c’est un moment festif.
Et puis le festival IRRUEPTION a aussi des retombées concrètes en termes de participation. Je pense notamment à la place importante qu’on laisse sur scène aux divers jeunes artistes du quartier. Dans l’après-midi, il y a quand même plus de trois heures de rap, de danse et de slam qui sont assurées presque uniquement par des jeunes du XXe arrondissement.
Il y a un troisième aspect qui nous tient à cœur, aussi, c’est le mélange des genres. Par exemple, juste avant la scène rap le 15 juin, on a prévu une pièce de théâtre qui s’appelle « La Domination Masculine » et qui croise des textes du sociologue français Pierre Bourdieu et de l’anthropologue algérienne Tassadit Yacine. Et ce moment, typiquement, ce sera l’occasion pour des amateurs de théâtre de rester découvrir du rap, et pour les amateurs de rap qui seront présents un peu en avance, de se confronter au genre théâtral.
En somme, que ce soit par le micro, par le stylo, par la bombe ou par la vidéo, le festival IRRUEPTION laisse la possibilité à chacun de s’exprimer, quel que soit son âge et d’où qu’il vienne. Avec l’idée que la culture est le meilleur des vecteurs pour créer du lien social, du partage et pour dynamiser la vie de la Cité, au sens antique du terme.
M.S. : Sans faire de langue de bois, je crois que des moments forts il y en aura plein. Et je crois aussi que ce qui fait la force de cet événement c’est que chacun peut y trouver des choses différentes.
Tout l’après-midi, de 14h à 18h, il y aura de nombreux ateliers artistiques gratuits et ouverts à tous, il y aura les jeunes du quartier qui seront sur scène, et il y aura des projections-discussions sur le thème de l’immigration.
Ensuite à 18h on a une super pièce de théâtre qui s’appelle « Le Contraire de l’Amour » qui est une adaptation par Dominique Lurcel, un grand metteur en scène, du Journal de Mouloud Feraoun, un romancier algérien. C’est une pièce qui est passée à la Maison des Métallos en novembre dernier et qui sera jouée pour la première fois dans l’espace public.
A 19h30, il y a moment qui a des chances d’être vraiment très sympa aussi : on fait un grand repas partagé avec l’association Disco Soupes qui récupère des légumes invendus, tout le monde épluche ensemble, on fait des grandes salades et on mange ce qu’on a préparé, tout ça au son d’une fanfare.
Enfin, le soir, il ne reste plus que des activités dans l’amphithéâtre avec deux gros concerts : un de rap avec Z.E.P (Zone d’Expression Populaire), dont le chanteur est un ancien membre de Ministère des Affaires Populaires ; et puis Thraces, à la nuit tombée, qui fera de la musique électro à partir de sons préenregistrés à Belleville et avec des projections en direct sur un écran géant. Et on clôturera tout ça sur le belvédère avec Groove Catchers qui nous offrira un jazz bien dansant accompagné d’un beat-boxer.
Donc, comme je vous le disais, il y en a vraiment pour tous les goûts. Et nous, on est plutôt contre l’idée qu’il y ait des têtes d’affiches. Le but c’est que ce soit une vraie journée de partage, donc je crois que le moment fort, c’est le festival IRRUEPTION lui-même. Tout simplement.