Qui es-tu ? Peux-tu te présenter
en quelques lignes ?
Je suis Eva, dit Eva Zé (Nam), je suis
d’origine perpignanaise. Je vis depuis 3 ans en région parisienne, ce qui m’a
permis d’ouvrir les yeux sur les possibilités artistiques de la rue. Je suis
peintre plasticienne et, depuis 3 ans, j’interviens sur les murs des villes par
l’intégration de personnages peints.
A quel moment as-tu connu (ou vu) tes
premiers tags, graffes, pochoirs, collages ?
Mon admiration pour le travail d’Ernest
Pignon Ernest a commencé dès le lycée, son travail in situ me fascinait... Pour
moi, un des rois du “street art”. Plus tard, j’ai rencontré Sir (du collectif
No Rules Corp), il m’a alors fait découvrir le monde de l’art de rue avec ses
graffitis et ses pochoirs.
Est-ce que cela t’a donné envie de
faire la même chose ?
Énormément, j’ai eu une soudaine
addiction à cette démarche “extérieure”, j’ai m’y alors un peu de côté mes
toiles d’atelier et produis maintenant à 80% pour l’extérieur. L’insertion de
l’image dans un paysage, un contexte, un lieu, c’est en quelque sorte ouvrir
les frontières de l’art. L’art ne se limite plus au support réduit d’une toile,
il se développe à échelle humaine et plus encore.
Où as-tu « posé » pour la
première fois ? Avec qui ? Et pourquoi as-tu eu envie de t’exprimer
dans la rue ?
La première fois, c’etait à “Belleville
zoo”, avec Sir. Mon personnage “Gripa” venait de naître de la bêtise des
politico-médias, il fallait que je lui donne vie et ainsi commencer la
profusion de l’énergumène... Comme un virus, Gripa contamine, il prend à partir
de ce jour différentes formes humaines ou non. Je trouve ça délire de
poursuivre maintenant cette “histoire de Gripa”, j’aime imaginer ceux qu’il a
pu contaminer... Récemment des pigeons : une vraie drogue de création.
Est-ce un passage obligé dans ta
création artistique ?
Un passage en tout cas en rapport avec ma
pratique d’atelier qui mêle collage d’affiches lacérées récupérées dans la rue,
vieillies par le temps et personnages noir/blanc des années 50/60 dessinés. Je
transpose alors en grand format mes personnages souvent en compagnie de
« Gripa » pour une exposition gratuite en galerie à ciel ouvert...
Que penses-tu du graffiti ? Des «
streetarteurs » d’un jour ?
Le graffiti est un art aussi noble que
d’autre selon moi, car la technique des graffeurs est tellement bluffante, leur
composition réfléchie et l’impact sur le public évident !
Peux-tu nous raconter ton histoire à
partir du moment où tu as commencé ? En quelle année et dans quels
endroits ? Qui as-tu croisé à cette époque ?
En gros le début de mes recherches plastiques et artistiques ont commencé, il y a plus
de 12 ans dans le sud de la France : Perpignan, Montpellier et Lyon. L’art
de rue, j’ai commencé à peu près y a 3 ans, depuis j’ai rencontré un petit
réseau sympa sur Paris comme Grégos, Kashink, FKDL, les Nice art, les UHU,
Ender, Doze, Stew, Nowart… (ou encore Véronique Mesnager qui nous a bien
soutenu…) !
As-tu « posé » à
l’étranger ? Avec qui ? Et pourquoi ?
“Le voyage forme la jeunesse et le regard “comme dirait un
certain Tarek, on a besoin d’aller voir ailleurs et d’investir d’autres
paysages, univers, décors... supports. Mes derniers collages avec la No rules
corp : Berlin, Grenade (Andalousie)…
Est-ce que tu vis de ton art ?
En quelque sorte oui et non, je suis
professeur d’arts plastiques dans le 93, on pourrait dire que j’enseigne une
réelle passion personnelle aux adolescents... Même si parfois c’est compliqué
de passionner un ados de 14 ans...
Peux-tu nous donner quelques anecdotes
ou des événements bizarres qui te sont arrivés ?
Récemment,une agréable et surprenante
rencontre avec la police du 4e arrondissement… En pleine séance de
collage nocturne, rue Rivoli, j’ai enfin compris que faire le guet ne servait à
rien... Je pense que le fait d’être seule, de tourner la tête de droite à
gauche et d'être dans la rue à cette heure si, pour une jeune fille, c’est
louche !
Deux jeunes policiers arrivent alors vers
moi et comprennent alors notre manège... Et blablabla... Les autorisations...
Et nanana... Bref un grand sourire aux lèvres, je leur explique notre démarche
“artistique” et l’un deux réagit en s’exclamant : « Ah ! C’est de l’art
contemporain ! Bon, ben faite vite alors car ça reste quand même
illégal »… Bizarre n’est ce pas de rencontrer des gens aussi sympas !
Interview // Tarek
Photographies // Batist
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