2010 © Batist & Paris Tonkar magazine |
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Qu'est ce qu'on a le droit de savoir sur toi ? Est-ce que ton Blaze a une
signification particulière ?
Pour
le blaze, ça part d'un délire avec des potes qui ont tagué à une époque. L’un
d’eux s'était vu offrir un « Dildo kit » pour son anniversaire... La
notice était tellement ridicule qu'on s'est dit : « Allez, on monte le
Dildo kit crew ! » Le but étant de faire un « meddley »
pochoir tag affichage. Ce projet n'a jamais vu le jour et j'ai récupéré le
blaze pour moi (DK = Dildo kit).
Concernant
ce qu'on a le droit de savoir sur moi : je suis issu du graphisme (infographie)
et amateur de graffiti. C'est en voyant des œuvres comme celle de Banksy ou de
Blek le rat qu'il m'a pris l'envie de m'exprimer dans la rue et de transposer
mes créations infographiques sur les murs.
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Comme
tout le monde, je pense à une certaine notoriété, ce serait hypocrite de dire
que je peins pour la gloire. Au-delà de ça, le fait de prospecter dans les rues
de nuit c'est une ambiance particulière et l’on voit les lieux d'une manière
différente, ce n'est pas juste du transit comme ça peut l'être en journée. On
est beaucoup plus attentif à ce qu'il y a sur les murs. Puis le fait de
s'approprier l'espace public pour le transformer en espace d'expression,
enlever le pochoir et voir le truc se révéler : un moment quasi rituel,
peut-être même l'étape du processus que je préfère. Toutes ces choses mêlées à
l'odeur de la bombe et le fait de braver un interdit qui rend l'activité encore
plus attrayante, c'est ça à présent que je recherche.
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Est-ce que tu pratiques seulement le pochoir et dans la rue ?
Oui
exclusivement le pochoir ! Je n'ai presque jamais tagué, tellement
brièvement que ça revient au même. Pour les néophytes, il faut savoir que c'est
une discipline totalement dissociée du graffiti. Je pratique donc exclusivement
le pochoir, principalement dans la rue. Il m'est arrivé parfois de pratiquer en
terrain quand on tapait des fresques avec des graffeurs.
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Quel est le sens de ton œuvre ?
À la
base, c'était de faire passer un message fort : mes premiers pochoirs
étaient politiques ! C'était juste avant les élections alors que les
médias n’en avaient que pour Nicolas Sarkozy. C’était un moyen de faire passer
un message négatif sur cet homme par un vecteur que les gens vont en théorie
voir autant que la télévision. Par la suite, mon travail s'est dépolitisé pour
prendre une orientation plus graphique. Faire du pochoir bi-chromique dans la
rue m'intéressait beaucoup car ce créneau est peu exploité dans les rues de
Lyon. Ma démarche s'est finalement fixée sur le concept suivant : représenter
des visages d'illustres inconnus dans les rues. Il n'y a ni message ni sens
particulier, juste un créneau ouvert pour l'imagination de la personne qui
passera devant.
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Quelles sont les particularités du monde du pochoir ? A-t-il des liens avec le
monde du graffiti, ou s'en éloigne-t-il complètement ?
Le
pochoir est une discipline à part entière du graffiti qui est issu de la
culture Hip Hop. Ce dernier était à l’origine directement associé au rap et au
Break dance. Il s'en est dissocié avec le temps, mais il en reste fortement
imprégné contrairement au pochoir qui ne trouve pas ses sources dans un
mouvement culturel aussi fédérateur. Je ne saurais même pas dire d'où il vient
d'ailleurs... Il y a une importante communauté autour du graffiti : les
gens fonctionnent en crew, les interactions entre les crew situés dans les
quatre coins du pays permettent de s'étendre géographiquement. Dans le
graffiti, on cultive son réseau social. C'est un aspect totalement absent dans
le monde du pochoir. On ne se connaît pas ou peu entre pochoiristes, il n'y a
pas de crew et je pense que les œuvres que l'on peut voir sur les murs sont
souvent l'objet d'une initiative spontanée et non d'une démarche régulière et
assidue. On ne peut pas, à mon avis, parler d'une communauté quand on parle de
pochoir.
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Interview et
photographies
///// Batist Payen