" Le graffiti, je l'ai découvert par le biais de mon frère, Sirius. Quand je commence à poser moi-même, en 1997, se pose la question du choix du blaze. Novice, pas spécialement doué en dessin, bouillant d'impatience de poser à mon tour, essaye de récupérer diverses phases des anciens comme par exemple le « e » de MODE 2 .Dans un premier temps, ces emprunts me donnent un style de toy, inévitablement. Totalement passionné, l'assiduité me permet de gagner en indépendance stylistique, de m'affranchir de mes modèles, pour finalement aboutir à ce qui deviendra et restera mon flop.
J'enchaîne les pièces, me met au freestyle, et compose avec les joies du vandal. Quelques courses poursuite dans le métro, dans les gares, dans les rues de Paris... L'exaltation me fait souvent oublier que la frontière entre adrénaline et risque réel est allègrement franchie.
Parfois l'histoire se termine bien, et me laisse un bon souvenir. Je repense à la fois où je peignais tranquillement sur le toit du siège social d'une grosse boîte, au beau milieu d'une des places les plus fréquentées de Paris. Débarque une patrouille de police, j'ai dû rester immobile un sacré moment, juché sur mon échafaudage, comme un cambrioleur pris en flag.
Mais trop souvent l'aventure s'achève au commissariat, les amendes s'accumulent, l'attrait de l'interdit s'essouffle, là où l'aspect artistique prend toute son ampleur.
Je délaisse alors le graffiti sauvage, pour me tourner vers des supports qui me permettent de prendre mon temps et de peaufiner mon style. L’art contemporain m'éveille à la peinture abstraite, je me prends une claque en découvrant Pollock, Bacon, ou l'œuvre fascinante de paradoxe et d'exactitude de Escher.
Aujourd'hui, si j'ai définitivement tourné le dos au vandale pour me consacrer à la toile, je dois pourtant reconnaître que peindre un camion reste mon pêché mignon. "
Interview // TBY
Photos // Stesi. All pictures are copyright 2010 © DR