Je m'appelle Nicolas Germain. Je suis né en 1973 à Remiremont dans les Vosges d'une mère Canadienne et d'un père Français. J'habite à Corbelin en Isère entre Lyon, Grenoble et Chambéry.
///// Sur ton site, on apprend pourquoi tu signais P4. Pourquoi as-tu changé de pseudo ?
P4, c'était bien sûr en référence au statut de réformé du service militaire. D'ailleurs, je n'ai pas été réformé, j'ai été objecteur de conscience... En 2004, j'ai décidé de signer ZINO. Il commençait à y avoir plusieurs artistes signant P4 et surtout, à cette époque, j'ai voulu démarcher des collectivités pour réaliser des fresques et c'était plus consensuel de s'appeler ZINO que P4. Je l’ai choisi car je voulais que mon pseudo commence par un Z en référence à mon héros de jeunesse préféré. Quand j'étais enfant, j'allais aux champignons avec un vieux monsieur qui s'appelait ZINO, et puis ça a un côté cirque et dernier de la classe qui me plaisait bien....
God = Santa-Claus |
///// Pourquoi as-tu choisis le pochoir comme mode d'expression ?
I don't wanna be number one |
///// Comment a évolué ta technique depuis tes débuts ?
Ma technique du début était de dessiner et de préparer mes pochoirs d'après des photos. Maintenant, j'utilise l'ordinateur mais toujours via le dessin en interprétant des photos et non en utilisant des filtres « Photoshop » comme certains le font. Ce qui pour moi est un non-sens à la création, une caricature de la globalisation de l'esthétique Pop art. Je crois que l'important est le résultat et non pas la technique : je considère d'ailleurs que je fais des images et non des pochoirs. Le pochoir n'est qu'un vecteur.
Jovial |
///// Quels sont tes supports de prédilection ?
Mes supports de prédilection sont la tôle, la toile et les murs même si je n'en fais que très rarement, cela devrait évoluer d'ici peu. J'entretiens une relation ambivalente avec le pochoir dans le sens où, pour l'instant, je ne l'utilise quasiment pas sous la forme Street art. Et ce, malgré le côté revendicatif de mon œuvre. Cela vient de mon origine campagnarde et de ma double culture où, malgré moi, j'entretiens mes contradictions. Et puis surtout, ne pas avoir bombé dans la rue vient du fait que j'estime qu'il y a une grande responsabilité à cet acte et que la démarche doit être aboutie, ce qui n'était pas mon cas jusqu'à présent. D'ailleurs la surenchère actuelle des gens s'exprimant dans la rue m'invite plutôt à prendre le contre-pied de cette frénésie.
Le cycle n°5 |
///// Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées ?
La principale difficulté technique a été de trouver un moyen de réaliser des images grands formats à partir de pochoirs. Maintenant, je pense la maîtriser.
///// On peut, entre autres choses, ressentir dans ton travail une parenté avec le Pop art. Quelles sont tes références graphiques ?
Supertroublemaker |
///// Comment définirais-tu donc le style graphique auquel tu es arrivé ? S'est-il rapproché d'un courant ou d'un autre ? As-tu découvert au fil de l'évolution de celui-ci, des artistes qui auraient pu t'influencer au départ ?
Je pense que mon style est dans la lignée du Pop art avec des influences BD. Les artistes qui auraient pu m'influencer au départ sont ceux de la figuration narrative comme Monory ou Rancillac. Heureusement, leur art de la composition m'inspire aujourd'hui.
///// Quels artistes recommanderais-tu aux lecteurs qui découvrent et apprécient ton travail ?
Ceux que j'adore sont Warhol, Banksy, OBEY, STAIN et mes amis NEMO, NIARK ainsi que Jérôme Désert… La liste n'est pas exhaustive évidemment.
WHITE SPIRIT |
///// Quel est le sens de ton travail : narratif, politique, esthétique ou artistique ?
Le sens premier de mon travail est le plaisir et l'équilibre que me procure le fait de créer. Ensuite ce qui est essentiel dans ma démarche est la volonté de dire quelque chose : le pochoir est vraiment pour moi un moyen d'expression qui me permet d'être complètement libre, sans pressions financières ou artistiques. D'ailleurs pour moi actuellement, à part les artistes cités ci-dessus, la peinture est insipide. Elle ne raconte rien, ne remet rien en question alors que ce devrait être son essence. J'essaie donc de tracer mon sillon et de faire ce qui me semble important. Dans ce sens, j'espère que mon travail est à la fois narratif, politique, esthétique et artistique.
Interview ///// Batist Payen
Photographies ///// Nicolas Germain